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Just me
31 août 2009

En entier finalement

Je les ai mis à la poubelle quand j’ai jeté la bague et les derniers souvenirs. Ce soir où je l’ai croisé, puis j’ai pris le sac et j’ai tout balancé, je ne pouvais plus. Il restait un peu de lui au fond d’un placard, même ça je ne pouvais plus.

Je me souviens quand on étais là bas, il pleuvait, et il râlait parce qu’il aime pas la pluie. Et puis le parapluie s’est cassé, la partie haute s’est envolée, et il est resté avec la poignée dans la main. C’était tellement ridicule, alors on s’est regardé, et on a rit. Jamais on avait rit comme ça lui et moi.

Des moments où c’était juste nous, lui et moi, des moments où il m’écrasait pas pour exister. Où je pouvais m’étendre sans le gêner.

Je sais pas, même en cherchant bien, il y a toujours l’ombre de son mal être au coin du souvenir, un mensonge à côté, une attention malsaine.

Avec tout le mal qu’il m’a fait, ce que je sais, c’est qu’il a toujours été sincère, et qu’il m’a aimé plus que tout, qu’il m’a vraiment aimé.

Je me souviens du lien, je me souviens du contact de sa peau, je me souviens de ce qu’on ressentait l’un pour l’autre, de la puissance des sentiments, et des mois à s’aimer malgré l’incompréhension.

Je pense très sincèrement qu’il s’en voudra toujours de m’avoir perdu. Je pense qu’il m’aimera toujours un peu.

Je me souviens quand l’avion a atteri. Mon cœur battait si fort, j’avais peur, de ce que je pourrais ressentir en le voyant, de ce que je pourrais ne pas voir dans ses yeux.

Il m’avait dit qu’il ne savait plus, il ne savait plus s’il m’aimait, il avait besoin de me voir pour savoir.

La nouvelle moi est descendue de l’avion, et j’ai attendu mes bagages. Il y avait une vitre, il m’a téléphoné parce qu’il me voyait, et moi je ne le voyais toujours pas.

J’ai pris mon sac, je suis sortie. Un million de question se bousculaient, j’avais peur, aucun de mes gestes n’étaient naturels, il y avait le jugement, à quelques mètres de là, mon cœur risquait juste être pietiné. Et puis j’ai franchi la porte et je l’ai vu. Il y avait une barrière énorme entre nous. Même avec un bon matériel on n’aurait pas pu la franchir. C’était pas juste maladroit, c’était pas comme deux étrangers, ni la gêne de ceux qui se rencontrent pour la première fois après une relation virtuelle. On avait déjà tout connu, on s’était roulé dans la boue, et je lui dois sûrement les pires moments de ma vie.

Dans ses yeux j’ai vu les larmes qu’il retenait, et puis on a fait comme ci. Comme ci il était naturel pour nous de parler, comme ci on était à l’aise. Le moindre de nos gestes était difficile. Se toucher aussi, c’était dur. Comme une main qui m’avait fait trop de mal, comme une main qui détenait trop de pouvoir. Le pouvoir de me briser le cœur en 1 seconde.

On a roulé comme ça et puis sur la route je me suis dit peut-être, peut-être qu’on a encore une chance. Je n’étais plus la même, j’étais forte, et lui était détruit.

Je crois qu’il n’a pas compris. Ce calme que je dégageais, cet assurance inhabituelle. Il n’a pas compris.

Mais là dans la voiture j’y croyais, pour la toute dernière fois j’y ai cru. Je voulais y croire. On avait tellement traversé, c’était trop bête.

Et puis après.

Après il a planqué les larmes que j’avais apercu dans ses yeux. Il est redevenu dur.

Mais je me disais ça va être bien, c’était presque un sans faute. On pouvait le faire, on pouvait encore le faire, moi j’y croyais.

Il a ramené la voiture, il est rentré, s’est allongé, et il s’est endormi. Quand j’ai voulu le réveiller, il m’a repoussé violemment. Alors j’ai pleuré, j’ai mangé seule, une bouchée sûrement. J’avais plus faim. Je me suis assise dans la cuisine.

4 mois.

Rien n’avait changé, et pourtant ce n’était plus chez moi.

La France

je ne l’aimais plus, je n’aimais pas cette langue, je n’aimais pas les maisons, les routes, et mon appartement…c’était l’avant. Celle que je n’étais plus. Je m’étais accroché à quelque chose que je n’étais plus. Là, assise dans ma cuisine, j’étais juste pas chez moi. Et calmement, toujours calmement, j’ai regardé les lettres, tout ce qui m’avait attendu, toute la vie qui avait continué après mon départ. Toutes ces choses importantes qu’il ne m’avait pas dit. Il ne m’avait rien dit. C’était moi, c’était mon nom, juste le mien. Il a vu ma vie partir en miette et il ne m’a rien dit. Tout ce temps.

Les mensonges m’ont sauté au visage, alors je l’ai réveillé, j’ai hurlé.

Je crois que c’est là que tout a changé.

Je crois que c’est là qu’il a su que je n’étais plus la même, c’est sûrement là que j’ai su que cette fois ça serait différent, et tant pis pour la suite.

Alors quand j’ai vu tout ça dans le cuisine, c’était moi ou c’était nous. J’ai choisi moi, parce que c’était ma vie, parce qu’à trop choisir nous j’avais creusé mon trou, gratté la terre pour remonter, et que, malgrès mes ongles salis j’étais dehors, et j’étais forte.

Alors je l’ai réveillé, j’ai hurlé.

Deux jours de batailles ont suivi, deux jours sans se toucher, deux jours à me faire comprendre que ce n’étais plus ma vie. Deux jours à lui dire que cette relation, j’en voulais plus, pas comme ça. L’affrontement m’épuisait, il m’avait détruite une fois et ça je ne voulais plus. Je pensais au rouge des maisons là-bas, à l’air humide, je pensais à l’odeur des rues, je pensais à la ville, Glasgow me manquait, Glasgow me manquait terriblement.

Et puis ça s’est fini. Deux ou trois jours après le retour, je ne sais plus vraiment. Il a pris ses affaires et il est parti. Il avait besoin de temps.

Je me suis écroulée. J’ai glissé et je suis retournée dans le trou.

J’ai supplié, j’ai ignoré, et ça n’allait jamais. Il me reprochait de ne pas l’avoir retenu. Je lui avais dit si tu pars c’est ton choix, je ne te retiendrais pas. Je crois que je le savais au fond de moi. J’étais trop lache pour rompre, je l’aimais trop, je l’aimais plus que je n’aimerais jamais. J’ai aimé le poison qui m’a tué, et si je devais le refaire, je le ferais encore.

Ca fait 9 mois.

A chaque fois qu’il s’approche je dois faire ce choix à nouveau, ce choix entre nous et moi.

A chaque fois c'est moi que je choisis, et c'est à chaque fois plus facile.

Pourquoi je publie ce post aujourd'hui ? Ca fait tellement longtemps qu'il est écrit.

Parce qu'enfin je suis prête. Parce que je voulais lui expliquer à elle, pourquoi Glasgow c'est important. Au moins un peu. Parce que c'est ma vie. Parce que je n'ai pas trouvé mieux pour expliquer la douleur et le chemin. Parce que ce texte contient l'un des moments les plus importants de ma vie et résume bien le pourquoi.

Parce que ce texte il parle pas de lui, il parle de moi.

Parce que c'est fini.

Parce que si tu savais comme j'aime ma vie. Parce que je lui souhaite d'aimer la sienne.

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Commentaires
M
Continue ma belle si tu as autre chose à dire parce que je sais que ça fait du bien, je veux dire, je le lis. Tu es toujours toi et ça, personne ne peux te l'enlever!
A
tu as bien fait de publier cet article. Enfin tu reprends ton souffle et tu te libères...tu reprends ton souffle et te sens plus légère...
Just me
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