Later yeah, but not too late

Bon je sais pas mais là faut vraiment qu’on m’explique.

Comprends pas comprends pas.

C’est drôle comme ils ont la manie de revenir quand ils nous ont perdues.

Et puis c’est qu’il leur faut du temps pour le comprendre en plus. L’admettre, plutôt. Qu’ils ont été bêtes. Qu’on était vraiment bien.

Peut-être qu’entre temps il y en a eu une autre, des autres, et ils voient bien qu’on était différente, plus drôles, plus sympas, moins chiantes.

Je sais pas.

Peut-être qu’ils ont besoin de nous perdre au moins une fois pour voir. Les galères d’avant nous ça suffit pas, il leur faut des galères d’après pour être sûr.

En plus c’est pas immédiat, parfois il faut plusieurs mois avant qu’ils voient. Ils n’y pensent pas, pendant des semaines, ils veulent pas y penser, ils croient qu’ils s’en fichent. Et un jour ils nous croisent, on est sympas, et toujours rien. Ou bien ils apprennent que là maintenant, on a quelqu'un. Le micro doute arrive, mais non, surtout pas. Et ensuite, un moment seul, un moment où ils sont un peu plus faibles, un peu plus tristes, ils se demandent. Ils font le bilan. Pourquoi ça marche jamais, pourquoi cette fois aussi ça n’a pas marché. Et si c’était eux le problème. Et si c’était eux, mince ils ont laissé passé des filles bien sûrement. C’est vrai qu’elle, elle était bien. C’est vrai que sans s’en rendre compte, ils nous ont comparé, ou ils le font là maintenant, et on est différente.

Merde, elle était différente. C’était peut-être elle.

Et parce qu’ils avaient voulu être sûrs qu’on rentrait dans le moule, ils ont laissé tombé quand ça coinçait un peu. Et le jour où ils comprennent qu’il ne faut pas forcer la pièce pour qu’elle s’emboîte bien, mais plutôt s’adapter, arrondir, profiter des endroits ou c’est parfait et accepter que d’autres certes ne s’emboîtent pas, mais cohabitent très bien…le jour où ils comprennent que non, on rentrait pas dans le moule mais qu'est ce qu'on a pu rire, qu'est ce que j'étais bien contre elle, en plus elle masse bien, et puis sa manière d'être, son odeur...ce jour là, ils se disent peut-être que, vraiment, c’était elle. A moins qu’ils trouvent une pièce qui colle vraiment, mais elle manque de quelque chose. Ce plus qui rayonne chez la différente, souvent c’est la partie qui coince tu sais.

Elle était différente, et tu l’as traité comme toutes les autres.

Elle était différente, et tu l’as laissé passée.

Sauf que nous, toutes différentes qu’on est, après une dizaine de refus, on finit quand même par ouvrir la porte. Mais attention, on ne l’ouvre qu’une fois.