J'aime bien rouler

Tu sais, ces moments hors du temps, quand tu regardes dehors.

Seul face à tes pensées. Ces moments d'entre deux dont j'ai déjà parlé, ces moments où on attend d'arriver, où on ne peut rien faire d'autre. La nuit c'est encore mieux. On se roule en boule, on colle son nez à la fenêtre, et on regarde.

On pense à tout ce qu'on voulait être, on pense à tout ce qu'on est, on pense pas vraiment en fait, on observe pas vraiment non plus. On cohabite avec soi-même, on y réfléchis pas, on se voit, c'est tout.

On accepte d'être ce qu'on voit, c'est juste jeter un oeil paisible, dans cet espèce de sentiment d'acceptation totale et de passivité face à la vie qu'on a en face de soi.

Voilà ce qui est aujourd'hui, voilà ce que je suis. C'est ça ma vie.

Tu es face à toi-même et tout ce que tu peux faire, c'est t'arranger pour que ça se passe bien.

Dans ces moments là je me dis que finalement oui, c'est plus pratique de bien s'entendre avec soi-même. Dans ces moments là, je peux me laisser partir dans mes pensées, sans inquiéter ceux qui soudainement d'habitude, se demandent pourquoi là, j'ai eu besoin de m'isoler, pourquoi je me suis tu, pourquoi j'ai voulu sortir faire un tour. C'est comme ça, des fois je décroche, je suis plus là, tu m'as perdu, et si j'ai pas ces moments là c'est eux qui me choisissent. C'est quand je rentre seule en marchant, c'est quand je suis sur mon balcon, c'est quand je suis sur la route, entre deux.

C'est comme ça j'y peux rien, aussi sociable que je puisse être et aussi fort que je puisse avoir besoin de mes amis, la vie m'a appris à associer indépendance et survie.

Alors j'aime bien rouler, parce qu'on m'offre sur un plateau mon monde à moi, où rare sont ceux qui comprennent que je m'absente même juste quelques minutes.

J'aime bien rouler, parce que j'ai pas à m'expliquer, je dis que je regarde dehors, en vrai c'est mon reflet que j'y vois.

J'aime bien rouler, parce qu'on ne sais jamais vraiment ce qui vient après.