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Just me
6 août 2009

Ma première gorgée de bière à moi

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crédit photo : dhodho

Y a des moments comme ça où on a plein de soucis.

Des trucs à la con, des trucs stressants, des trucs-qui-passent-et-qui-finissent-par-s’arranger, mais qui te plombent quand même le moral.

Le moment où y a tout qui tombe sur toi d’un coup, tous les trucs chiants en général.

Alors je pense à la première gorgée de bière, le livre bien sûr, et à la soirée qui m’attends. Y a de grandes chances qu’elle se passe pas comme ça, ça se passe jamais jamais comme j’avais prévu et c’est ce que j’aime.

Je pense à tous ces petits plaisirs qui font la vie douce, je pense à l’autre soir, à hier, à ce matin sur la route, au geste d’une seconde, à la phrase qui fait du bien. C’est drôle ce qu’on m’a offert, ils sont plus que je croyais à penser ça, et puis surtout à le dire. C’est drôle qu’ils me disent ça là maintenant. Ca touche, aussi. Surtout.

Alors en ces temps de soucis-qui-vont-s’arranger-mais-pour-le-moment-sont-bien-là, j’ai juste à sélectionner, fermer les yeux et hop j’y suis. Y a rien qui me détend plus que ça, rien qui ne me fasse plus de bien que ça, t’imagine pas le bien que ça me fait.

J’ai juste à m’asseoir, un bord de fenêtre suffit, on s’en fout du balcon. J’ouvre la fenêtre, je me pose, je m’emboîte bien dans l’encadrement, y a tout pile la place pour moi, même le chonch’ peut venir, et y a même une barrière de sécurité. Ca s’appelle un Ljubi-appart, rien que ça. Il fait soir ou nuit, il fait bon, et je laisse la nuit me parler en écoutant de la musique. Du jazz, du nostalgique, du triste souvent, mais moi j’y suis pas. C’est doux et chaud et ça t’enveloppe comme pour te protéger.

J’pourrais rester des heures comme ça, je voyage sur les fils électriques d’en face, les toits et les jardins, je suis dans les dizaines de vies qu’on entrevoit par les fenêtres, de celles qui sont éteintes ou des silhouettes qui passent, j’suis témoin silencieux et finalement c’est pas leur vie que je regarde, c’est pas vraiment la mienne non plus, c’est juste le soir, c’est juste la nuit, parce que c’est bon, l’air est chaud, c’est beau. Quand j’étais petite je faisais ça en rêvant à des quand-je-serais-grande plus sympas, je faisais ça avec mes premières clopes, aujourd’hui je ne fume plus, je me contente d’un café, et je rêve à rien, je respire et puis c’est tout.

Ces moments là je voudrais être avec personne parce que c’est trop peu réel pour l’être vraiment, et à deux on rentre pas.

Il fait bon là tout de suite, ce qui s’est passé hier c’était rien et rien de plus demain, je sais même plus quel jour on est, je sais même plus comment je m’appelle, est-ce que ça compte vraiment, c’est juste une pause dans ma vie, une coupure dix minutes, quinze minutes, je disparaîs je ne sais où, quelque part entre ce que t’as pu rêver et la puissance de ne rien vouloir de plus, juste vivre ailleurs quelques secondes, l’ailleurs que tu peux avoir n’importe où, l’ailleurs qui n’appartient qu’à toi. Juste dix minutes s’arrêter, juste comme ça et pas souvent, mais juste un peu parfois. Ca faisait longtemps, ça faisait tellement longtemps. Et tu fais face à rien, t’as même pas ton image qui se pose devant toi non, juste la nuit, les toits, les bruits de la rue ou leur absence, juste toi et l’air, juste toi dans l’air, il fait bon tu trouves pas.

Les trucs-qui-passent-et-qui-finissent-par-s’arranger, ce sont que des trucs-qui-passent. Mais moi mon nom, je m’en souviens quand même.

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